L’évolution des outils de calcul est un processus long, qui commence avec le début des
mathématiques elles-mêmes. L’arrivée de calculatrices dans les classes, depuis la fin des
années 1970, marque cependant une rupture pour l’enseignement des mathématiques :
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pour la première fois depuis le début de l’enseignement obligatoire, ce sont les élèves
qui ont importé ces outils dans les classes, précédant les demandes des professeurs et
les prescriptions institutionnelles ;
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les évolutions technologiques ont été très rapides, passant des machines à calculer de
bureau de 1975 aux calculatrices scientifiques de 1980, puis aux calculatrices dites
graphiques (c’est-à-dire disposant d’un écran permettant des représentations
graphiques en deux dimensions) de 1990, enfin aux calculatrices symboliques (c’est-àdire
ne manipulant pas seulement des expressions numériques, mais aussi des
expressions symboliques et faisant du calcul exact) depuis 1995.
L’écart entre une calculatrice et un ordinateur portable tend à se réduire, du point de vue des
capacités de mémoire, des applications intégrées et de l’ergonomie, mais il reste encore trois
différences :
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une différence de taille : les écrans des calculatrices restent petits, ne se prêtant en fait
qu’à une utilisation individuelle ;
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une différence d’accès : une calculatrice est plus facilement disponible qu’un
ordinateur (elle peut fonctionner sur sa propre batterie beaucoup plus longtemps ; de
plus, l’ouverture d’une application est quasi instantanée sur une calculatrice, ce n’est
pas le cas sur un ordinateur) ;
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une différence de contexte d’utilisation : une calculatrice est essentiellement dédiée à
des tâches mathématiques, un ordinateur a un spectre d’utilisation beaucoup plus
large.
Savoir utiliser une calculatrice est un objectif de l’enseignement des mathématiques en
France, comme Jacques Moisan, doyen de l’Inspection Générale, le rappelle :
« L’utilisation
des calculatrices – qui n’est pas exclusive de l’apprentissage des tables d’addition et de
multiplication et du calcul mental ou posé - est préconisée dès l’école primaire dans les
nouveaux programmes et se poursuit tout au long de l’enseignement secondaire.
L’apprentissage de
leur utilisation critique est un point essentiel de la formation enmathématiques »
(Moisan 2006).
Trente ans après l’apparition des premières calculatrices, un écart important demeure
cependant entre les prescriptions institutionnelles (qui recommandent d’utiliser
systématiquement les calculatrices) et la réalité des classes. L’intégration des calculatrices a
suscité de nombreuses études, en particulier à l’IREM de Montpellier
. On trouvera, à la fin de cette fiche, les références à des brochures de
cet IREM qui analysent les outils (calculatrices graphiques, puis symboliques) et font des
propositions pour l’intégration dans les classes. On trouvera aussi les références d’articles
parus dans Repères, la revue des IREM, ou des revues de recherche sur l’enseignement des
mathématiques. On trouvera enfin les références de documents de synthèse, en particulier les
actes d’un colloque francophone européen qui s’est tenu à la Grande-Motte près de
Montpellier (Guin 99) et une étude synthétique sur les recherches menées au niveau
international (Guin et Trouche 2002, p. 21).
Cette fiche donne des indications techniques et didactiques pour mieux maîtriser l’intégration
des calculatrices dans les classes, elles ne constituent pas un mode d’emploi, mais comportent
des éléments de méthode permettant de
constituer ses propres modes d’utilisation. Chaque
fois que ce sera nécessaire, cette fiche renverra à des documents plus complets.